Le chemin des hommes

Exposition de photographies d’Eric Poitevin au Compa à Chartres du 9 novembre 2018 au 21 avril 2019.

En 1985, l’artiste Éric Poitevin a photographié cent combattants de la Première Guerre mondiale. Dans le cadre des commémorations du Centenaire de la Guerre 14-18, le musée du Compa a choisi de présenter ces portraits à travers l’exposition « Le chemin des hommes ». La guerre y est bien présente, mais nous sommes avant tout face à des survivants, face à ceux qui ont rendu possible la construction des liens entre les générations du XXe siècle. Parmi ces anciens combattants : des cheminots, des professionnels de la banque, du commerce, des fonctionnaires de la ville, des artistes, des hommes d’église, des intellectuels, des artisans… et de nombreux paysans. Leurs regards singuliers témoignent de la complexité d’un monde rural qui ne cesse d’évoluer depuis le milieu du XIXe siècle. Ainsi l’exposition aborde également les bouleversements et les évolutions du monde agricole au lendemain de la Grande Guerre.
La particularité de ce projet réside dans la coexistence de deux logiques qui peuvent sembler antagonistes et qui pourtant font la richesse du propos. D’une part une exposition de photographies contemporaines, et d’autre part un discours historique et sociologique sur les mutations de la France (rurale). C’est une exposition à deux voix : celle d’un artiste et celle d’un musée de société. Ainsi le principe scénographique devait à la fois proposer des surfaces d’accrochage neutres à la façon d’un « white cube » pour respecter l’intégrité de la série photographique et le propos de l’artiste tout en contextualisant un sujet historique porté par le musée. C’est la recherche de cet équilibre qui a présidé aux différents choix scénographiques. L’idée principale est de créer un espace dans l’espace et deux parcours utilisant le centre et la périphérie.
La scénographie fait directement référence aux tranchées, symbole emblématique de cette guerre. L’espace central est ainsi scandé de cimaises organisées selon une trame orthonormée afin de créer un parcours labyrinthique. Les portraits, de même format et de même technique, y sont accrochés en ligne à la même hauteur et avec les mêmes espacements de sorte qu’ils semblent se déployer à l’infini. Ils sont simplement accompagnés d’un cartel simple et discret. La largeur des passages varie entre 2 et 3 mètres pour des cimaises de 3m60 de haut ce qui accentue l’effet « couloir » sans pour autant gêner les déplacements et la visite. Le sol en terre battue et les pièces de charpente qui lient et étayent les murs entre eux participent à cette évocation des tranchées. Cet espace est très lumineux afin de mettre en valeur les tirages photographiques de l’artiste. Rien ne perturbe la lecture des images à l’exception de quelques ombres portées de charpente provoquées sporadiquement par des flashs lumineux. Cet effet de lumière évoque discrètement les bombardements.
En sortant de l’espace labyrinthique, les visiteurs peuvent découvrir aux revers des murs périphériques, le discours historique. C’est un parcours linéaire et thématique constitué de textes et d’images fixés sur des bardages bois. Il encercle littéralement l’espace central. L’éclairage y est plus tamisé et doux.

Spécificités :
Surface : 300 m2.
Exposition de photographies d’Eric Poitevin et de documents du musée.

Contraintes :
Créer un accrochage harmonieux d’une série unique composée de 100 Photographies.
Faire coexister deux discours : artistique et muséal.

Rôle dans le projet :
Scénographie.
Fabrication et montage.
Éclairage.
Graphisme de Stéphane Rébillon.
Conception de l’affiche et des documents de communication.